Général LE TESTU (1918-2006)
Il est difficile de raconter la vie d'un homme en quelques lignes, surtout quand elle est bien remplie...
Voici quelques photos qui ont émaillé son parcours, en particulier aux cotés de la Promotion dont il était devenu le "Parrain actif" en 1977
Son discours, adressé aux jeunes futurs officiers que nous étions, est encore dans tous les esprits....
« …son sillon d’une façon exceptionnellement droite au travers de quarante années parfois tragiques… »
Né en 1918, simple soldat en 1936, sergent en 1938, héros de la drôle de guerre et de la campagne de France, Marcel Letestu entre dans la légende en s’évadant d’un stalag dans la région de Dresde et en rejoignant la zone libre. Ses deux citations de 1939 et 1940, ses qualités morales et militaires, le conduisent à l’Ecole de Cherchell d’où il sort major de sa promotion.
A la tête de sa section, il se bat dans les Vosges, entre en Allemagne en pointe de la 1re Armée française et finit la guerre avec deux autres citations et une blessure. Son exemplarité en fait alors un instructeur hors pair à l’Ecole de perfectionnement des officiers de Achern, puis le spécialiste du tir de l’infanterie, tant comme expérimentateur que comme champion de France de tir de précision et recordman de France de tir de vitesse en 1950.
Promu capitaine en 1951, il rejoint le 5e REI en Indochine, via le Dépôt commun de la Légion étrangère. Il commande alors la 11e Compagnie du 5e REI. Tant dans l’offensive que dans la défensive, son unité montre une activité remarquable qui cause de grandes pertes au vietminh. Sur la rivière noire à Xom Bu dans l’hiver 1951-1952, autour de Tho Lao et de Bin Ninh à l’été 1952, le capitaine Letestu mène ses légionnaires à la victoire. Il y gagne trois citations à l’ordre de l’armée et une blessure
Tout juste remis, en novembre 1952, il rejoint le camp retranché de Na San et prend en charge le PA 8. Dans la nuit du 23 au 24 novembre 1952, il a rendez-vous avec l’histoire. De 20h jusqu’à l’aube, il conserve ses postions submergées par un bataillon vietminh. Sans notion d’avant, ni d’arrière, ses légionnaires se battent comme des lions et refusent l’idée de la défaite, avant de contre attaquer, avec le renfort de parachutistes coloniaux. Cette nuit là, la résistance de la « 11 » du 5e Etranger sauve le camp retranché de Na San. L’Empereur Bao Dai, trois jours plus tard, se risque sur le champ de bataille pour décorer personnellement son capitaine. Avant la fin de son séjour Indochinois, celui-ci est encore blessé et cité.
Après un passage en Algérie et le commandement d’un bataillon du 1er Etranger en opération à Meknès, il est affecté à Coëtquidan et commande de la 1re Compagnie de Saint-Cyr avec les promotions Amilakvari (54-56) et Franchet-d’Esperey (55-57), avant d’être instructeur infanterie pour la promotion Laperrine (56-58).
Chef de bataillon en septembre 1958, il commande l’EMT1 du 3e REI, avec comme indicatif « Jean BART ». Il pacifie différents secteurs dans le sud oranais, neutralisant plus de 700 rebelles, tout en perdant seulement 13 légionnaires. L’utilisation des hélicoptères, l’exigence permanente sur l’exécution à tous les niveaux et un sens aigu de l’observation du terrain le conduisent à ce résultat dans lequel l’économie du sang de ses légionnaires restera toujours sa plus grande fierté, largement devant les citations qu’il reçoit encore à deux reprises.
Après six ans en états-majors, le lieutenant-colonel Letestu, commandeur de la Légion d’honneur, prend le commandement du 3e REI à Madagascar. S’attachant à développer les qualités combattantes de ses légionnaires, il refuse de céder à la douceur des Ramâtes et fait de son régiment un outil combattant, notamment en développant le concept de sections de tireurs d’élite. Le général inspecteur des troupes de marine écrit alors dans le livre d’or du régiment :
« … le colonel Letestu a su développer sans briser, marquer sans effacer, renouveler dans le respect des traditions. Sous
ses ordres, chacun à sa place, dépense le meilleur de lui-même… »
Après un passage à la 8e DI de Compiègne, il se voit confier le commandement du 1er Etranger en 1970. Il crée alors le GOLE à Bonifacio et, deux ans plus tard, le GLE à Aubagne, tandis qu’il porte le 2e Etranger sur ses fonds baptismaux. Ces évolutions de l’année 1972 sont les bases de la légion moderne et du futur Commandement de la Légion étrangère (COMLE).
Quittant la Légion en 1973, général commandant la 23e Division militaire en 1974, il est admis dans la 2e section des officiers généraux et élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur en 1976.
Le 9 octobre 1997, le général d’armée Guignon, son ancien élève à Saint-Cyr, lui remet la Grand-croix de la Légion d’honneur à Aubagne. Trois fois blessé, comptant treize citations dont huit à l’ordre de l’armée, avec les croix de guerre 1939-1945, des TOE et croix de la Valeur militaire, le général Marcel Lestestu est aussi titulaire de la croix du combattant volontaire, de la médaille des évadés, de l’insigne des blessés et de la croix du combattant, entre autres.
En 1998, la Légion étrangère lui rend l’hommage suprême, en lui confiant la main articulée du capitaine Danjou, symbole des plus hautes vertus légionnaires, à l’occasion de la cérémonie commémorant le 135e anniversaire du combat de Camerone.